Fabienne Juhel a grandi à la campagne, sur un tertre au milieu d’un bois, entourée de mégalithes et de plumes de faisans. Ses premières sorties furent nocturnes et pleines de cris d’animaux.
Son univers romanesque donne la part belle à la nature, aux hommes en rupture de banc, aux Indiens, et à la lumière tout en laissant émerger la part d’ombre inhérente à l’homme.

À l’angle du renard
Éditions Le Rouergue, 2009
Prix Ouest-France Étonnants Voyageurs, Prix Émile Guillaumin
Julius aux alouettes
La Brune au Rouergue, 2014
La Chaise numéro 14
La Brune au Rouergue, 2015

Je m’étais levée à l’aube pour ausculter son tronc. Sous mes pieds, la terre remuait. Quelques racines le maintenaient encore à flot. Il ne résisterait pas à une nouvelle tempête. J’avais amassé des roches autour de lui –un autel ?– pour l’aider à ne pas flancher mais le feuillage persistant offrait une trop forte prise au vent, même léger. L’arbre était condamné. Mon oreille contre sa belle écorce verte, annelée, j’ai entendu ses voix : la sève pulsait des racines vers les branches. Quand il est tombé, dignement, sans rien écraser sous son poids, mon cœur s’est serré. Mon père m’a dit : Ce n’est qu’un arbre. Je n’ai pas répondu mais j’ai pensé : justement, c’est un arbre.

Un arbre est mort