PILLOWGRAPHIES
C’est fou ce qu’un fantôme sait merveilleusement danser et, dansant, se métamorphoser au choix en pétales ouvertes, en pieuvre tentaculaire, en points d’interrogation sautillant dans les airs, en feu follet ou masse compacte. C’est fou comme des corps, revêtus de draps blancs, dissimulant aux regards, bras, torses, jambes, ne laissant apparaître que deux fentes étroites d’où l’on voit luire les yeux des interprètes, fou donc comme ces corps surgis d’un ailleurs irréel peuvent susciter tant d’images oniriques. Adressé aux enfants et aux adultes, Pillowgraphies, conçu par Sarah Crépin et Étienne Cuppens de la compagnie La BaZooKa, propulse sur une scène vide et sombre qu’éclaire une lumière bleutée, une troupe, une tribu, une confrérie de fantômes qui se suivent en file indienne, forment des duos, des trios, complotent en cercles ou s’éparpillent dans l’espace, dessinant un ballet féérique irrésistiblement drôle. Sur des musiques de Maurice Ravel notamment, les spectres phosphorescents créent la sidération et entraînent chacun dans l’illusion qu’existe un autre monde qui ne devrait rien au quotidien mais tout à la poésie.