POUR HÊTRE
Renouer avec l’essentiel pour révéler les vérités qui fondent l’humanité : Fnico Feldmann et Itamar Glucksmann ont l’habitude de travailler en duo. Leur complicité vivifie la représentation. Dirigés par Benjamin De Matteïs, ils mettent leur discipline, l’acrobatie, au service du vivant. Ils parlent du temps qui passe, de la fragilité de l’homme dans un cosmos qui le dépasse, de sa façon, aussi, de résister au chaos, sa capacité à plier plutôt que rompre, sa faculté à se hisser vers les hauteurs tout en s’ancrant dans la terre ferme. Ces désirs-là sont presque métaphysiques. Pourtant, sur scène, ils trouvent leur traduction lumineuse, évidente et superbe, dans la présence très simple d’un arbre. Un Hêtre dont ils font leur partenaire. Le Hêtre porte en lui beaucoup de l’humaine condition. Le tronc, et donc la verticalité, les branches qui poussent, donc la vie qui jaillit, ses racines, donc le passé et l’histoire, les feuilles qui bruissent, donc le mouvement. En prenant d’assaut de mille et une manières cet émissaire de la nature, les acrobates dessinent avec souplesse et fluidité plus qu’un spectacle artistique : une métaphore. Celle de l’homme et la femme, fétus de paille dans le flux des éléments.