un contre un
L’univers de Raphaëlle Boitel se déploie au bord du conte. Très visuelle, inspirée du cinéma muet, son écriture mêle le cirque à de nombreuses autres disciplines – théâtre, danse, 7e art, musique et travail de lumière – pour donner forme à des destins contrariés. À des luttes souvent féminines, toujours métaphoriques, contre les schémas imposés. À des quêtes d’espaces de liberté individuels et collectifs, où pourraient s’exprimer douceur aussi bien qu’animalité. Les deux personnages de Un contre Un sont loin de cet idéal. Orphée et Eurydice modernes, ou simplement un homme et une femme d’aujourd’hui traversés par le mythe du musicien décidant de ramener sa bien-aimée des Enfers, ils sont quelque part entre géhenne et paradis. Proches mais aveugles l’un à l’autre, dans un espace qui les enserre et dont ils parviendront à se soustraire, les deux acrobates bousculent avec fantaisie le cours de cette tragique histoire qui en devient alors extraordinairement ludique. Pour Raphaëlle Boitel, l’enfer, c’est l’autre tout autant que soi-même. Idem pour l’Éden.