Publié le jeudi 17 mars 2022

Résidence artistique
en milieu universitaire

La compagnie SCoM
puise sa matière auprès des étudiants

Par Sophie Lucas, stagiaire

Durant les trois après-midi du 8, 9 et 10 mars, la Compagnie SCoM était en résidence au sein de l’IUT de Lannion. Coline Garcia, auteure et metteuse en piste, était accompagnée de Noémie Deumié et Léa Leprêtre, les deux interprètes circassiennes du prochain spectacle de la compagnie, Boîte Noire. Ce spectacle à destination des adolescents et jeunes adultes se penche sur la question de la sexualité et de ses représentations, notamment face à la domination masculine. Le sujet des violences faites aux femmes est évidemment présent, puisque la notion de consentement est centrale dans le travail de création.

Récolter une parole

À plusieurs reprises, l’équipe de création a rencontré des groupes de jeunes, lycéens et étudiants. Cette fois, c’était avec des étudiants de l’IUT en première année de B.U.T Information-Communication parcours Journalisme, et parcours Communication des organisations qu’elles ont échangé, afin de récolter matière pour leur spectacle. Puisque Boîte Noire s’adresse à des jeunes, la volonté de Coline Garcia était de communiquer avec eux, d’échanger sur ces thèmes de sexualité, de consentement et de désir, entre autres, pour s’assurer que ce que dira son spectacle correspond bien à la manière dont les jeunes d’aujourd’hui pensent et vivent la sexualité. Avec un groupe de neuf étudiants volontaires, elles ont articulé ces après-midi en différents temps d’échange et d’ateliers.

Avec des échanges

Les temps d’échange avaient pour but pour chaque participant de comprendre les représentations des autres sur des sujets variés. Comment serait un spectacle de cirque autour de la sexualité ? Dessine le corps parfait. Comment définir le consentement ? Crois-tu que l’hésitation est une forme de drague ? Es-tu mal à l’aise avec ton corps ou ta sexualité ? Comment faire la différence entre plaisir et désir ? Toutes ces questions et temps d’échange ont été menés dans une atmosphère respectueuse et bienveillante. Les trois artistes, dès le début des interventions, ont noté l’importance de la communication et ont incité les étudiants à sortir ou à dire s’ils n’étaient pas à l’aise avec la conversation.

Des ateliers corporels

En parallèle de cela, des ateliers corporels étaient menés par Noémie Deumié et Léa Leprêtre. Le premier élément de ces ateliers était d’instaurer une confiance pour les participants. Confiance en soi, en l’autre, avec des exercices parfois intimidants mais toujours effectués avec douceur. Le but de ce cadre était aussi d’apprendre à s’écouter soi-même, d’avoir conscience de ses capacités et de ses limites pour ne pas se blesser. Pour cela, il faut être attentif aux sensations qui traversent le corps et traversent les autres.

Des ateliers d’écriture

Lors des ateliers d’écriture, plusieurs thèmes ont à nouveau été abordés. Les exercices étaient nombreux et poussaient les étudiants à réfléchir à des questions qu’ils ne s’étaient peut-être jamais posées. Pour les artistes, ces retours sont également bénéfiques pour alimenter leur propre réflexion. Les participants ont donc été invités à écrire sur le consentement, la première fois, à jouer sur les différents vocabulaires pour parler de sexualité sans la nommer ou ne pas parler de sexualité en utilisant des termes connotés. Faisant échos aux premières conversations que le groupe a eu, l’échange s’est terminé par la réflexion sur ce que serait le spectacle idéal traitant de sexualité.

Tout l’IUT concerné

En plus de ce projet basé sur le volontariat des étudiants, un autre groupe a été mobilisé pour garder une trace de cette expérience. Dans le cadre de leur cours sur la communication culturelle, les étudiants de deuxième année de B.U.T. Information-Communication ont été amenés à s’entretenir avec les artistes. Certains ont fait un portrait de Coline Garcia, d’autres des interviews de Noémie Deumié et Léa Leprêtre, alors que d’autres encore ont récolté les témoignages de leurs pairs. Cette matière enregistrée principalement par vidéo et photographie servira, entre autres, à alimenter les réseaux du Carré Magique.

 

Le retour de cette semaine de travail a été extrêmement positif, que ce soit du point de vue des étudiants que des circassiennes venues interroger leur projet. L’échange était enrichissant, notamment grâce à l’atmosphère d’écoute dans laquelle tout le monde s’est placé. Coline Garcia a pu approfondir sa réflexion et rebondir sur beaucoup de propos qui ont été dits, puisque les étudiants sont majeurs et adultes, ils possèdent des visions sur la sexualité qui diffèrent de celles des lycéens auparavant mobilisés par les médiations de la Compagnie SCoM. Chaque étudiant avait également son histoire, son expérience propre et de manière personnelle, chacun avait sa propre avancée sur les questions de déconstruction de genre et de sexualité. Les étudiants, eux aussi, retirent énormément de cette expérience et ont exprimé la volonté de continuer à réfléchir sur ces questions.


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