Akila le tissu d’Antigone

Symbolisant la résistance contre les conventions sociales, la figure antique d’Antigone révèle son ambivalence dans cette tragédie contemporaine. Akila comme un miroir où se réfléchit la pensée avant tout.

Antigone est cette jeune femme qui tient envers et contre tous à honorer la mémoire de son frère Polynice, considéré comme un traître dans la Thèbes antique. Cette pièce en transpose le postulat de nos jours, dans un contexte post attentats terroristes. Dans la cour d’un lycée, une élève ose un geste durant la minute de silence dédiée aux victimes : elle noue un foulard sur sa tête en hommage à son frère… qui s’avère être l’un des kamikazes. Après la Manif pour tous explorée dans Le fils, pièce présentée en octobre 2020, Marine Bachelot Nguyen s’attaque à un nouvel épicentre conflictuel de notre société contemporaine. Elle y aborde avec une juste distance les thématiques les plus urticantes : violences policières, débat sur la laïcité, stigmates d’une histoire coloniale encore à vif. Truffée de surgissements sonores et visuels, cette fresque chorale fait se télescoper chant lyrique et hip-hop urbain. À une histoire contemporaine brûlante se mêlent des enjeux atemporels. Resurgit également toute l’ambiguïté du personnage d’Antigone, qui, dressée dans sa posture, oppose le droit ancien et familial au droit civique. En quête d’équilibre, telle pourrait être la quête d’Akila. La nôtre ?