Des nuits pour voir le jOur

En mots et en actes, Katell la circassienne explore l’intensité d’une pratique physique de haut niveau, les blessures qui en découlent et la nécessaire réparation qu’elle induit. 

La compagnie Allégorie porte bien son nom : souvent révélatrice d’un état de tension psychique, la blessure physique exprime les maux d’un corps qui cède. L’acrobate Katell Le Brenn n’est pas dupe, et pratique l’auto-analyse comme le jeu de mots lacanien : dans son propre prénom, elle lit l’évocation d’une attelle ; jalonnant sa carrière, elle retrouve des murs en série, tour à tour appui, soutien, obstacle ou empêchement… Au fil de ses expériences, l’acrobate vit le cirque comme une pratique intense où rigueur, maîtrise de soi, monstration de ses forces – mais aussi de sa vulnérabilité – sont en jeu. Elle conçoit cette nouvelle création très personnelle comme un “spectacle visite” : en 4 tableaux successifs, les gradins roulants changent la configuration de l’espace de jeu, faisant traverser autant d’époques et d’états de corps au public. Mais pas d’apitoiement ici. L’âpreté des épreuves traversées est sublimée pour en proposer un récit enthousiaste, qui tend de l’intime vers l’universel !