vendredi 29 novembre 2024
Une semaine d’ateliers autour du spectacle Je suis Tigre
Cette semaine, nous avons eu le plaisir de proposer des ateliers aux élèves de plusieurs écoles primaires (Servel, Gauthier, Le Rusquet et Cavan) ainsi qu’à […]
Publié le mercredi 8 novembre 2023
Le monde du cirque se mobilise !
Territoires de Cirque, association engagée dans l’accompagnement de la création circassienne contemporaine, son développement et sa visibilité dans l’ensemble des réseaux de diffusion du spectacle vivant, s’est mobilisée pour soutenir le projet de création de Roman Khafizov, artiste ukrainien exilé en France.
Au départ de ce projet, un message lancé à l’automne 2022 comme une bouteille à la mer par cet artiste recherchant des soutiens en France pour lui permettre de continuer à exercer son art. Son souhait était d’attirer notre attention sur le fait que les artistes ukrainiens étaient empêchés d’exercer car précipités dans la guerre alors même qu’ils étaient les détenteurs d’un savoir-faire reconnu sur les scènes du monde entier. De surcroît, cet art pouvait également rappeler que la culture au sens le plus large est une composante indéfectible de notre humanité. Qu’elle doit pouvoir s’exprimer même dans les périodes les plus dures. Un message humaniste, une forme d’ambassade également.
Jean-Pierre Dufranc, conseiller de la Drac Île-de-France, et Martin Palisse, artiste et directeur du Sirque, pôle national cirque Nouvelle Aquitaine, à Nexon, ont été les premiers à entendre cet appel. Et dans leur sillage, les membres de Territoires de Cirque se sont mobilisés pour apporter leur soutien à Roman Khafizov. Ainsi est né ce projet de création, Rêves, qui verra le jour le 15 novembre, à Nantes, avant d’entamer une tournée en France.
Spectacle conçu pour la scène, qui rassemble sept artistes ukrainiens formés à l’école nationale de cirque de Kyyiv, Rêves, comme son titre l’indique, évoque en filigrane le souhait de chaque artiste de s’extraire, le temps d’un rêve, d’un présent lourd et menaçant. Est-ce possible, alors que chacun, par ses proches, connaît la violence d’un conflit qui perdure ? C’est tout l’enjeu de cette création qui nous interpelle à la fois intimement et universellement.
Le Carré Magique, en accord avec tous les partenaires de ce projet singulier, en assure la production déléguée. C’est une grande responsabilité qui nous engage. C’est aussi notre rôle comme pôle national cirque.
Rendez-vous pour les premières dates de cette tournée, à Nantes, les 15, 16 et 17 novembre et au Carré Magique, les 15 et 16 décembre.
Avec Rêves qu’il met en scène et qui sera créé à Nantes, à l’occasion de la 5ème édition de La Nuit du Cirque, du 15 au 17 novembre 2023, Roman Khafizov retrouve en France une équipe d’artistes de cirque, de technicien·nes et d’autres professionnels ukrainiens du spectacle vivant avec lesquels il a travaillé dans son pays entre 2019 et 2022. Dans ce spectacle porté par sept jeunes virtuoses issus de l’école nationale de cirque de Kiev, on découvre une pratique des arts de la piste peu présente en France. Puissant, classique, leur cirque est une ode à la vie, une célébration du présent. Malgré tout.
Nous nous rencontrons mi-septembre à La Courneuve, à La Maison des Jonglages où vous répétez votre spectacle Rêves. Vous étiez auparavant à Paris à RueWATT, la fabrique artistique de 2r2c. Vous irez ensuite à La Grainerie à Toulouse, au Sirque à Nexon, au Théâtre de Rungis et enfin à l’Opéra de Nantes pour la création. Comment est née cette belle production qui rassemble au total une quinzaine de personnes ?
Roman Khafizov : Avant de décider de m’installer en France en 2022, à cause de la guerre qui rendait tout travail impossible pour des artistes en Ukraine, j’y étais déjà venu à plusieurs reprises dans le cadre de mon travail avec la compagnie hongroise Recirquel, l’une des compagnies de cirque qui tournent le plus à l’international. En jouant avec eux pendant 5 ans le spectacle de cirque et danse My land, où nous étions 7 artistes ukrainiens, j’ai visité de nombreux pays européens. C’est la France qui m’a plu le plus, notamment pour sa forte culture circassienne. J’avais donc quelques repères quand je suis arrivé. Ce qui ne veut pas dire que cela a été facile, loin de là, car le milieu circassien, et plus largement artistique français fonctionne d’une manière très différente du milieu ukrainien. Il m’a fallu d’abord comprendre son fonctionnement, envoyer énormément de mails avant d’avoir une réponse positive, de la part de Martin Palisse, directeur du Sirque à Nexon, Pôle National Cirque Nouvelle-Aquitaine. Puis l’association Territoires de Cirque a suivi, et nous a trouvé des lieux de résidence, et une date de création. Après un temps d’arrêt quasi-total du travail, nous en sommes plus qu’heureux.
La compagnie Inshi, que vous avez créée avec Volodymyr Koshovyi et que vous codirigez avec lui préexiste à la création du spectacle Rêves en France. Or l’existence de compagnies en Ukraine est très loin d’être une norme. Pourquoi avoir fait ce choix ?
R.K. : Ce choix est né d’un contexte, celui du Covid-19, qui a eu sur les artistes ukrainiens le même effet que sur ceux du monde entier. Il les a empêchés de présenter leur travail en public, et leur a défendu de travailler. Or les artistes de cirque ukrainiens se produisent essentiellement hors de leur pays, soit avec des compagnies comme je l’ai fait avec Recirquel, soit dans des cabarets. Car en Ukraine, notamment à l’école nationale de cirque de Kiev qui est la principale formation aux arts du cirque, on est formé à l’exécution d’un numéro que l’on travaille ensuite pendant des années et que l’on peut jouer dans différents contextes. Là, exceptionnellement, nous avions sur le sol ukrainien, en particulier à Kiev, de très nombreux artistes de cirque, qui sont tous d’un très haut niveau technique. Volodymyr et moi y avons d’abord vu l’occasion de créer un spectacle, Inshi. La compagnie du même nom est née ensuite, au moment de la 2ème vague du Covid, pour les mêmes raisons que le premier spectacle. Une fois la structure posée, nous avons créé un second spectacle.
Avec ces deux spectacles, vous et Volodymyr Koshovyi créez l’identité d’Inshi. Le fait d’être à présent en exil en France affecte-t-il d’une certaine façon cette identité ?
R.K. : Les deux spectacles que nous avons créés à Kiev, et qui y ont rencontré un beau succès populaire – pour le 2ème, Volodymyr et moi avons trouvé une vieille maison que nous avons rénovée, ce qui nous a permis d’accueillir un public nombreux – mettaient en avant l’excellence des artistes. Ils étaient quinze au plateau, techniciens compris. Le premier, dont la scénographie faite d’un plateau circulaire tournant a été réalisée par Volodymyr, était un vrai conte de fées. Il y avait déjà de nombreux effets, comme de la pluie. Le 2ème, grâce à l’espace plus vaste dont nous disposions, était encore plus imposant. Nous créions alors avec des Ukrainiens pour des Ukrainiens, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Si bien qu’en étant en France, nous créons toujours avec et pour les Ukrainiens, même s’ils ne pourront pas voir le spectacle, nous nous adressons aussi au public français. Nous souhaitons partager avec lui notre manière d’appréhender le cirque, de le pratiquer, qui est très différente de ce qui se fait en France.
Le cirque que vous avez découvert en France a-t-il influencé votre écriture ?
R.K. : J’ai en effet tenté d’amener dans ce Rêves créé en France quelque chose du rapport très fort qu’entretient chez vous votre « nouveau cirque » avec le théâtre. Par exemple, il y a des textes dans le spectacle, en voix off. Je les ai écrits à partir d’échanges que j’ai eus avec les interprètes, dont je voulais comprendre les rêves et les peurs. Ces derniers sont la matière première de la pièce : ils s’y expriment à la fois par les gestes, dans le rapport à l’agrès et par les mots. La très haute technicité, la grande tenue classique du cirque ukrainien est aussi une fois de plus au cœur de cette pièce. Il me semble que cela est une richesse qui peut intéresser les acteurs du paysage circassien français. Je crois qu’il est possible de mélanger les cultures circassiennes, que l’on peut s’enrichir les uns les autres de nos pratiques.
Dans l’étape de travail que vous nous avez présentée à La Courneuve, nous avons pu constater la place importante de la danse et de la musique dans votre pièce. Est-ce là une chose courante dans le cirque ukrainien, ou s’agit-il plutôt d’un apport personnel ?
R.K : Je dirais que c’est plutôt personnel. Cela vient en grande partie de mon parcours qui est assez atypique, car contrairement à la très grande majorité des artistes de cirque ukrainiens je n’ai pas fait l’école de cirque de Kiev. Je n’ai abordé le cirque que tardivement, un peu par hasard, après une formation de danseur à la Kiev National I. K Karpento-Kary Theatre, Cinema and Television University, l’université nationale spécialisée dans les arts du spectacle. J’ai grandi en Crimée, et ne connaissais rien ni personne lorsque je suis arrivé à la capitale pour mes études. C’est alors qu’un ami m’a emmené dans une salle très connue à Kiev, où de nombreux artistes viennent répéter, surtout des circassiens. J’ai trouvé magnifique ce qu’ils faisaient. Et puis j’ai rencontré la professeure de gymnastique et d’acrobatie Irina Zherdyeva, très célèbre. J’ai insisté, insisté pour prendre des cours avec elle, si bien qu’elle a fini par accepter. J’ai répété avec elle pendant six mois, jusqu’à ce qu’un jour, l’acrobate partenaire d’une de ses filles, Yevheniia Obolonina, qui s’entraînait aussi avec elle, soit obligé de la quitter. Elle s’est retrouvée sans travail. Irina alors m’appelle : elle a, me dit-elle, fait un rêve… Et dans ce rêve, j’étais le nouveau partenaire de sa fille, nous avions ensemble un duo acrobatique. Son rêve est devenu réalité. Ensemble, nous avons participé au festival « Golden Trick of Kobzov » à Odessa, où nous avons obtenu la deuxième place. Puis nous sommes allés au festival de cirque de Monte-Carlo, avant d’être embauchés tous les deux par Recirquel.
Rêves est donc le dernier fruit de nombreux rêves. De nombreux hasards aussi, pas toujours heureux, que vous avez su transformer en force. Nous avons pu voir à La Courneuve que celle-ci était de nouveau au rendez-vous chez les sept artistes qui interprètent le spectacle, ainsi que parmi l’équipe qui vous accompagne pour la technique, les costumes…
R.K. : Il est très important pour moi à travers ce spectacle de faire passer un message de résistance. Avec Rêves, nous voulons partager avec tous ce que nous avons compris en traversant l’épreuve de la guerre, qui peut paraître très simple formulé ainsi mais qui est si important : il faut vivre chaque jour comme si c’était le dernier et apprécier la vie en temps de paix car dès demain la guerre peut advenir. Très physique, intense, Rêves dit la persistance de l’espoir, du désir de vivre malgré la guerre. Je voulais une pièce riche en émotions, d’où mon choix des Quatre saisons de Vivaldi comme musique, ainsi que de morceaux ukrainiens traditionnels. La musique classique est pour moi celle qui fait le plus vibrer les cœurs…
Les numéros individuels du spectacle, ainsi que les courts numéros collectifs qui les séparent, sont très chorégraphiés. Les sept artistes de la pièce, qui pratiquent le jonglage, l’équilibre, la corde ou encore la contorsion, pratiquaient-ils déjà comme vous la danse avant d’entrer dans Rêves ?
R.K. : Contrairement à moi, tous les artistes de la distribution, qui jouaient déjà dans les précédents spectacles d’Inshi, sont issus de l’école nationale de cirque de Kiev. Deux seulement avaient déjà pratiqué la danse : David Yemishian le hip hop et Kostiantyn Korostylenko la danse classique. Tous les autres ont appris ici, avec moi et un maître de danse qui travaille au Moulin Rouge, que notre costumière Galina Lebedeva m’a présenté. La méthode de travail que j’ai mise en place était inhabituelle pour tous. Aucun des artistes ne reprend ici son numéro personnel, qu’il a pu éprouver depuis sa sortie de l’école de cirque : chacun développe une partition nouvelle
Ce déplacement allait pour eux de pair avec un autre, culturel. Pour la plupart de vos interprètes, c’est en effet une première fois en Europe. Une première fois guère confortable, car soumise à bien des conditions. Cela affecte-t-il le spectacle ?
R.K. : C’est en effet grâce à des visas que les artistes d’Inshi peuvent travailler en France ; ils doivent retourner régulièrement en Ukraine. Nous avons aussi perdu en cours de route, pour des raisons familiales, l’un de nos interprètes qui avait un duo de main à main avec Andrey Humeniuk qui se retrouve désormais seul. Nous avons créé de nouveaux numéros pour lui, en travaillant avec le maître de danse évoqué plus tôt ainsi qu’avec une comédienne et amie, Viktoriia Mushtei. C’est aussi du fait de difficultés semblables que la pièce ne compte que 7 interprètes et non 15 comme dans notre première création. Et 7 hommes, car les femmes ont pu partir avant aux États-Unis, qui n’ont pas accordé de visas aux hommes. Il y a encore le régisseur lumière de nos spectacles précédents, excellent, qui est parti sur le front… Mais comme je vous l’ai dit, nous sommes vivants, et déterminés à en profiter pour véhiculer notre message de paix, d’amour, de joie.
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