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Annie Ebrel Quartet en résidence
Annie Ebrel et ses trois musiciens ont passé une semaine en résidence pour leur nouvelle création An Ebatoù, Fêtes et danses, accompagnés par Achille Grimaud […]
Publié le mercredi 13 juillet 2022
Et si on se disait tout simplement que le spectacle nous fait du bien. Qu’il est un souffle d’air frais dans la touffeur d’un monde exsangue. Une bulle éphémère mais sacrément puissante. Une puissance qui n’est pas vaine, qui ne s’embarrasse pas de bienséance, qui s’affiche et s’affirme sans faux-semblant. L’artiste brandit ses
rêves, sa passion, sa déraison. L’art est un cri qui nous emporte en une salve d’émotions, de rires aussi et qui parfois nous heurte. S’il y a une chose que le spectacle n’est pas, c’est neutre, incolore, inodore, sans saveur. Il y a une telle sincérité dans l’acte de création, dans la performance proposée au regard du spectateur, un tel désir de surprendre. Chaque œuvre est un monde en soi. On peut ne pas aimer, refuser le propos, le juger inepte mais insincère, non. Et quand bien même… Ce doute alors vous poursuivra et alimentera vos pensées. C’est ça la force silencieuse d’une œuvre. Elle s’imprime et résonne en vous à bas bruit ou dans la lumière la plus crue. L’art – et sa transcription dans ce théâtre qui est le vôtre, sous la forme de spectacles, d’ateliers ou de chantiers – s’apparente à une échographie des tremblements d’une époque où l’incertitude règne en maître. Notre souhait n’est pas de faire barrage, ce serait immanquablement voué à l’échec. L’art ne résout rien, ce n’est pas un remède miracle mais dans sa propension à questionner, il agit comme un aiguillon, un révélateur. À nous d’en saisir le sel. Et ça vaut pour tous les âges. Le regard de l’enfance est formidable car il mémorise incroyablement. Les spectacles qui marquent viennent souvent de très loin et remontent à la surface par vagues successives, au fil des ans, faisant notre bonheur. Et l’on se remémore et l’on partage. Sentiment d’appartenance à une histoire commune. Et l’on confronte les points de vue. Les spectacles sont comme ces
pierres discrètes que l’on sème pour retrouver sa voie sur des chemins inconnus où l’on ne souhaite pas s’égarer mais où l’on continue à s’aventurer toujours plus loin parce que le goût de l’inconnu est trop fort. Cette curiosité est notre mappemonde, la géographie de nos désirs. Et ceux-ci sont inextinguibles. Ils nous construisent pour peu
que l’on soit à l’écoute, que l’on avance sans a priori. Tout est là dans cette absence d’a priori. Écouter les sages qui ne sont pas dans une prétendue modernité mais dans la compréhension de notre impermanence, de nos fragilités, accepter l’audace de la jeunesse, refuser l’aveuglement, ne serait-ce pas l’esquisse des premiers pas en terre de culture. Cette nouvelle saison du Carré Magique se veut en toute modestie – il ne saurait en être autrement tant le chaos du monde nous enserre – une parenthèse empreinte de fantaisie, d’épique, de tendre folie. Et de bien d’autres surprises encore. Encore et encore, vous retrouver. Notre plus grand souhait pour cette saison.
Philippe Le Gal, 22 mai 2022
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